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mercredi, 24 octobre 2007
suite: vente d'algues bio
La spiruline, algue de culture, tente de se faire une place au soleil de Provence.
Sous de grandes serres chauffées par le soleil de Provence, pousse dans des bassins à l'eau verdâtre une algue microscopique aux vertus nutritives de plus en plus prisées, la spiruline, qu'une poignée d'agriculteurs a décidé d'introduire sur le marché français.
Vincent Rioux a la foi des pionniers. Tout comme la quarantaine d'exploitants français qui se sont lancés dans cette production, mise en place au départ par des ONG de retour d'Afrique où elle est au coeur de programmes de lutte contre la malnutrition.
Dans ses bassins artificiels à Aubagne (Bouches-du-Rhône), où l'eau brassée en permanence ressemble à une nébuleuse verte, M. Rioux veille sur la production de cette petite algue, à peine visible à l'oeil nu, en fait une bactérie d'un quart de millimètre de forme spiralée, dont il parle comme "la culture de l'avenir".
Parce qu'elle contient 60% de protéines, un record, sans parler de vitamines, oligoéléments, acides gras notamment, elle "apporte en un minimum de volume, un maximum de choses", dit-il, vantant les "vertus exceptionnelles de ce super aliment" consommé en Occident comme complément alimentaire ou comme condiment.
Mais avant d'être transformée en dragées, poudre ou spaghettis, la spiruline aura été récoltée chaque jour, ramassée sur une bâche, pressée dans un tissu pour en retirer l'excédent d'eau. Cette purée verte aboutira à une pâte très compacte qui sera déshydratée avec le séchage à l'air.
Redécouverte dans les années cinquante près du lac Tchad où elle poussait naturellement, lorsque des humanitaires s'étonnaient de ce que les populations locales s'y portaient mieux qu'ailleurs, la spiruline fait depuis l'objet d'une exploitation commerciale, principalement en Chine et en Inde.
En France, "la production ne dépasse pas les 4 à 5 tonnes alors que les importations atteignent les 150 tonnes", souligne Patrick Simondi, le premier à s'être installé dans le Var, il y a deux ans.
Une aubaine pour certains petits agriculteurs, spécialement les horticulteurs varois qui y ont vu "un moyen de se relancer économiquement", sur des terres qui disposaient des ingrédients nécessaires: soleil, chaleur et air sec.
Deux ans après ce précurseur, ils sont aujourd'hui une quinzaine, presque la moitié des producteurs nationaux à s'être installés dans ce département où a été mise en place la seule formation en la matière, au lycée agricole de Hyères.
La profession s'est organisée en groupement, le groupement Pass (Producteurs de la spiruline du sud) qui a créé la marque Filao. Elle a reçu une première reconnaissance officielle en étant admise au salon de l'agriculture au printemps. "Nos stocks ont été dilapidés en un mois", assure Patrick Simondi.
Pour sa deuxième année d'exploitation, Vincent Rioux compte produire 250 kg de ce produit "bio" qu'il vend à raison de 30 kg par mois sur les marchés de la région et par le bouche à oreille. "La demande est là. Plus on sera nombreux, plus le produit sera connu", souligne-t-il sans se départir d'une certaine prudence: "On peut disparaître car on ne sera pas viable, mais le produit restera intéressant pour les sociétés qui ont du mal à se nourrir".
"Les ONG étaient à la recherche d'un système artisanal, rationnel et efficace de production, facilement transposable à l'Afrique, notre modèle sert d'exemple", renchérit M. Simondi.
Tous ces pionniers, qui ont fait leurs armes dans les projets humanitaires, sont prêts à repartir "pendant la saison morte" aider les fermes en Afrique, mais ils aspirent aussi à "essayer d'en vivre".
source : AFP du 19.10.2007 - 12:48
19:17 Publié dans producteurs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : producteurs, algue
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